Inauguration de la place du colonel Camille de Franclieu

Samedi 29 juin 2024,une plaque au nom du colonel Camille de Franclieu a été apposée sur un mur de la salle des fêtes, en hommage à sa générosité.

En effet, cette place, sur laquelle a été construite la salle des fêtes et un parking , fut autrefois un grand jardin potager que Camille de Franclieu a vendu à la commune en 1966 pour 1 franc symbolique

 

 

Par ces tableaux, vous pouvez imaginer ce qu’était le jardin d’alors. Le jardin est mis en peinture par Nicole Sors.

Il est inspiré et a pu être illustré grâce au travail de mémoire de Georges de Franclieu, petit fils du colonel, d’André Garès, qui passait devant chaque jour en allant à l’école, de Nicole Castets dont les grands-parents habitaient une des maisons face au jardin et dont le grand père en jardinait une partie, mis à disposition par le colonel.

Le jardin surprenait par ses cultures. Des framboisiers qui formaient une haie gourmande, des asperges que peu de personnes du village cultivaient, des fenouils, légumes peu courus à l’époque.

Une allée centrale, permettait d’aller jusqu’à la mare y puiser l’eau pour l’arrosage du jardin. Occupation estivale des petits enfants, pendant leurs vacances.

Une anecdote de Christiane de Franclieu, fille du colonel, raconte que l’eau de la mare, précieuse au demeurant, alliait l’arrosage des haricots et douche extérieure des enfants !

Merci à chacun et à chacune d’avoir permis de révéler au plus près ce qu’était ce grand jardin au cœur du village.

On peut voir encore dans le bas du mur actuel, côté place, les pierres sèches qui constituaient le mur arrondi qui longeait la mare.

Actuellement, on peut aussi voir encore un passage, encadré par 2 petites sortes de poteaux, qui à l’époque laissait la place à un pont enjambant la mare, donnant accès à un autre potager, appartenant à M. Lanne qui habitait l’actuelle maison aux volets verts.

Tout au bout de ce mur, qui va jusqu’au Chemin de la Mèque, la parcelle à l’angle était de terrain d’accueil pour les gens du voyage et des forains qui s’y installaient pendant la fête foraine annuelle.

Camille de Franclieu est né le 26 janvier 1888 à Cahors

Fils d’officier, il passe sa jeunesse au gré des garnisons où sert son père, avec comme point d’ancrage la maison familiale de Puymaurin à 20km de St André.

Il s’oriente vers une carrière militaire, s’engage et intègre l’école militaire de St Maixent en 1911, dont il sort sous-lieutenant, plutôt mal classé, en 1912. Il disait à qui voulait l’entendre qu’il avait été admis grâce à ses notes en gymnastique…

Mais la guerre qui éclate 2 ans après va révéler le tempérament et le courage de cet homme qui, à la tête de ses chers Zouaves sera blessé 5 fois : Premières blessures en septembre 2014, perd son bras droit en avril 2015, revient au front en octobre 2015 ou il est de nouveau blessé à sa main valide et à l’épaule.

En décembre 1915, il est le premier de sa promotion à être nommé capitaine et est déjà chevalier de la Légion d’honneur.

Il se marie quelques jours avant la fin de la guerre et poursuit sa carrière au Maroc, puis à Toulouse et prend sa retraite en 1933.

En 1939, il reprend du service comme colonel et sera fait prisonnier à Boulogne en mai 1940.

Il sera libéré en 1941, et c’est là que commence l’histoire d’amour avec St André : il constate en rentrant de captivité que la vie à Toulouse est dure pour sa famille. Il demande donc à son cher ami Jean de Gaulejac de lui trouver une maison dans les parages. Celui-ci lui fait diverses propositions dont cette maison de St André sur laquelle il jette son dévolu.

Elle deviendra la maison nourricière avec son grand potager, puis maison de vacances où ses 5 filles, puis leurs maris, et ses 21 petits enfants passeront de longs séjours d’été, leur laissant tant de si bons souvenirs. Créer un cadre où pouvaient s’épanouir les talents de ses chers « pirates » était pour lui une préoccupation constante : jeux d’équilibre, toboggans d’avant-garde, tir à l’arc, chevaux de bois… une frise dans la salle de jeu représentait en une vingtaine de scènes toutes les activités disponibles. Mais aussi le potager où il enrôle ses petits-enfants réveillés à la fraiche. Et les prunes à ramasser au plus chaud de la journée pour le tonneau.

Et le Colonel a tout de suite aimé ce village et ses habitants. Il aimait leur gentillesse, leur disponibilité, leur droiture. Il trouvait toujours l’aide nécessaire pour ouvrir la maison au début de l’été et la préparer pour le déferlement de ses petits-enfants. Il aimait la bienveillance des villageois qui supportaient les ” grosses” bêtises de ses petits-enfants avec le sourire. Il savait aussi demander à ses pirates réparation : rembourser Laurence de ses poules à qui ils voulaient apprendre à nager, s’excuser d’avoir fait courir les vaches d’Artigues pour faire du ski au point qu’elles ne donnaient plus de lait, sonner le glas à contre-temps, abuser des farces et attrapes de Sencébe.

Aussi, lorsque le maire de la commune Jean de Galard lui a fait part de son souci de disposer d’une salle des fêtes pour les jeunes du village, en lui soufflant que son grand potager au cœur du village serait un lieu idéal, il a tout de suite accepté avec enthousiasme de céder ce terrain.

Le Colonel aura toujours veillé sur les siens : sa famille, ses soldats, ses chers habitants de St André. Il restera engagé jusqu’à la fin de ses jours, notamment à défendre ses fidèles Zouaves, usant de la notoriété que sa position de seul Grand’Croix de la Légion d’Honneur de Haute Garonne lui conférait. Il avait reçu cette ultime distinction à Boufarik en 1959 en présence notamment de sa fille Henriette et de Georges, aîné de ses petits-enfants.

Le Colonel s’est éteint en 1978. Il est enterré à St André, aux côtés de sa chère épouse.

Une dernière anecdote : Lorsque sa nièce Geneviève de Galard, une autre illustre habitante de St André, reçut la Légion d’honneur alors qu’elle était encore parmi les assiégés à Dien Bien Phu, le Colonel offrit sa propre croix pour qu’elle lui soit parachutée. Elle tombera du mauvais côté du champ de bataille et ne lui parviendra jamais, mais le geste généreux qui lui ressemble tant était bien là…